
Chers enseignants,
Chers professionnels de l’éducation et de la santé,
Voilà déjà plusieurs mois, plusieurs années, que vous essayez malgré les tempêtes de garder le cap, ou de garder la tête hors de l’eau tout simplement…
Les tempêtes s’enchaînent les unes après les autres, laissant peu de répit pour remobiliser les ressources mises à mal, pour rester connecté à cette vocation qui vous a fait choisir votre beau métier. Tout ceci peut, pour certains d’entre vous, laisser de l’amertume, de l’incompréhension, des angoisses, de la colère, de la lassitude, de l’épuisement, un sentiment de pression… jusqu’à possiblement de la perte de sens au quotidien…
Nous voudrions vous dire ici MERCI ! Merci de tenir bon pour nos enfants, pour les aider de votre mieux à se préparer à ce monde de demain si incertain.
Votre souffrance, vos doutes ne peuvent qu’être entendus et nous souhaitons plus que jamais au cœur de cette tempête pouvoir garder le lien tous ensemble. Surtout ne restez pas seuls. Surtout, prenez soin de vous. Pour vous-mêmes d’abord, car vous en avez le droit. Pour nos enfants ensuite, car ils ont besoin d’enseignants et de professionnels de l’éducation et de la santé qui pourront les accueillir dans la diversité de leurs vécus pour les aider à sortir grandis de ces évènements. Nous voudrions vous dire de ne pas abandonner, car vous êtes un des piliers, avec les parents, les familles, pour aider nos jeunes à déployer leurs ailes.
Nous le savons tous, pour pouvoir aider, soutenir les enfants, être empathique avec eux, il est vraiment nécessaire que vous ayez d’abord de l’empathie pour vous-mêmes et ensuite que vous échangiez sur ce que vous vivez avec vos collègues. Faites des groupes de paroles entre vous, basés sur l’écoute et le non jugement et parlez de vos émotions, de vos pensées, de vos besoins. Cela développe l’empathie, diminue le stress et va créer une compréhension mutuelle, une solidarité dans les équipes. Nous sommes tous déstabilisés par ce qui se passe et à la recherche de solutions pour traverser cette épreuve. La cohésion des équipes reposant sur l’empathie est vraiment indispensable.
C’est une découverte fondamentale du 21è siècle, l’expression et la compréhension de nos ressentis, de nos émotions sont essentielles pour notre bien-être, nous permettent de mieux nous connaître et de faire les choix qui nous correspondent.
D’après les nombreuses études internationales récentes, lorsque les enseignants développent leurs compétences émotionnelles et sociales, eux-mêmes se sentent mieux, plus compétents, sont moins dans des situations de burn-out et leurs élèves progressent sur tous les plans : personnel, social et intellectuel[1]. Et ceci, même si l’enfant vient de milieux très défavorisés. Ne nous privons pas de ces nouvelles connaissances et développons nos compétences émotionnelles et sociales.
C’est pourquoi nous mettons à disposition un nouveau kit préparé par des professionnels de l’éducation et de la santé, pour vous permettre de prendre soin de vous, à titre individuel et avec votre équipe : le kit « OXYGÈNE », téléchargeable gratuitement ici.
Nous formulons le vœu que malgré les difficultés, cette année puisse être aussi l’année où, tous ensemble, nous pourrons ressortir grandis, connectés par le cœur et résilients. Nous ne pouvons pas changer les évènements extérieurs, mais il nous reste un pouvoir d’action sur nos pensées, nos réactions, nos actions. Car ce sont elles qui feront le monde de demain.
Ensemble, nous allons y arriver !
Association ESSENSi’Ailes et Catherine GUEGUEN
Catherine Gueguen est pédiatre et auteur du livre « Heureux d’apprendre à l’école : comment les neurosciences affectives et sociales peuvent changer l’éducation«
Isabelle Fontaine, Laura Huyghe et Marie Lebrun sont co-fondatrices d’ESSENSi’Ailes, association pour le développement des compétences psychosociales dans l’éducation, et à l’initiative de la mallette Covid’Ailes d’aide au retour en classe post-confinement.
[1] Bierman K.L. et al. (2017), « Enriching preschool classrooms and home visits with evidence-based programming: sustained benefits for low-income children », Journal of Child Psychology and Psychiatry, 58:2,129–137.
PS : Diffusons cette lettre autour de nous, pour qu’un maximum d’acteurs de l’éducation et de la santé puissent bénéficier de soutien !
